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DE LA SAGESSE,


ardentes, sont excellens en ce qui est de l’imagination, poësie, divination, et qu’elle est forte en la jeunesse et adolescence (les poëtes et prophetes ont fleuri en cet aage), et aux lieux metoyens [1], entre Septentrion et Midy.

De la diversité des temperamens, il advient qu’on peust estre mediocre en toutes les trois facultés, mais non pas excellent, et que qui est excellent, en l’une des trois, est foible ès autres. Que les temperamens de la memoire et l’entendement soient fort differens et contraires, cela est clair, comme le sec et l’humide, de l’imagination ; qu’il soit contraire aux autres, il ne le semble pas tant, car la chaleur n’est pas incompatible avec le sec et l’humide, et toutesfois l’experience monstre que les excellens en l’imagination sont malades en l’entendement et memoire, et tenus pour fous et furieux : mais cela vient que la chaleur grande qui sert l’imagination, consomme et l’humidité qui sert à la memoire, et la subtilité des esprits et figures, qui doit estre en la secheresse qui sert à l’entendement, et ainsi est contraire et destruit les deux autres.

De tout cecy il est evident qu’il n’y a que trois principaux temperamens, qui servent et fassent agir l’ame raisonnable, et distinguent les esprits ; sçavoir le chaud, le sec et l’humide. Le froid ne vaut à rien, n’est point actif, et ne sert qu’à empescher tous les

  1. Mitoyens.