l'ame raisonnable, ubi sedet pro tribunali
[1],
est le cerveau et non pas le cœur, comme, avant Platon et Hippocrates, l’on avoit communément pensé ; car le cœur a sentiment, mouvement, n’est capable de sapience. Or le cerveau, qui est beaucoup plus grand
en l’homme, qu’à tous autres animaux, pour estre
bien faict et disposé, afin que l'ame raisonnable
agisse bien, doibt approcher de la forme d’un navire,
et n’estre point rond, ny par trop grand, ou
par trop petit, bien que le plus grand soit moins vitieux, estre composé de substances et de parties subtiles, delicates et deliées, bien joinctes et unies sans separation ny entre-deux, ayant quatre petits creux
ou ventres, dont les trois sont au milieu, rangés de
front et collateraux entre eux, et derriere eux, tirant
au derriere de la teste, le quatriesme seul, auquel se
faict la preparation et conjonction des esprits vitaux,
pour estre puis faicts animaux, et portés aux trois
creux de devant, ausquels l'ame raisonnable faict et
exerce ses facultés, qui sont trois, entendement, memoire, imagination, lesquelles ne s’exercent point separement et distinctement, chascune en chascun creux
ou ventre, comme aucuns ont vulgairement pensé,
mais communément et par ensemble toutes trois en
tous trois, et en chascun d’eux, à la façon des sens
externes qui sont doubles, et ont deux creux, en
- ↑ « Où elle siège comme sur un tribunal ».