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XIX
VIE DE CHARRON.


théisme brutal, assoupi ou mélancolique, une certaine humeur creuse qui a transféré le Diogénisme dans la Religion Chrétienne, par laquelle humeur un esprit accoquiné à ses mélancolies langoureuses et truandes, se moque de tout par une gravité sombre, ridicule et pédantesque. Ceux qui ont lu la Sagesse et les Trois Vérités, entendront bien ce que je veux dire par ces paroles ; car voilà l’humeur de cet écrivain naïvement dépeinte..... De notre tems le Diable, auteur de l’Athéisme, a suscité deux esprits profanes, chrétiens en apparence, et athéistes en effets, pour faire , à l’imitation de Salomon, une Sagesse ou une Sapience, l’un milanais (Cardan), l’autre parisien (Charron), qui l’a fait en sa langue maternelle ; tous deux également pernicieux et grands ennemis de Jésus-Christ et de l’honnêteté des mœurs, etc. » C’est avec cette aménité que s’exprimaient les censeurs de Charron. Mais il trouva d'ardens défenseurs parmi des hommes aussi vénérables par leur état que parleur savoir, tels que le prieur Ogier, le docte Naudé, etc. ; et les injures des Gasrasse finirent par être totalement oubliées. Mais ce fut surtout au siècle de la philosophie en France, qu’on apprit à apprécier notre auteur. Cette tolérance universelle que l’on voulait établir, qui était comme le fondement de toutes les nouvelles doctrines, il en avait d’avance senti le besoin, et prouvé l’utilité.

Sans doute Charron est un imitateur, et même quelquefois un copiste de Montaigne ; les maximes, les opinions que le philosophe gascon avait disséminées dans ses immortels Essais, son élève les a recueillies,