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XVII
VIE DE CHARRON.


mer son ouvrage avec toutes ces corrections et additions : déjà son manuscrit était livré à l’imprimeur, et plusieurs feuilles tirées, lorsqu’un jour (le 16 novembre 1603 ), en passant de la rue Saint-Jean-de-Beauvais dans la rue des Noyers, il tomba mort frappé d’apoplexie. Il fut enterré dans l’église de Saint-Hilaire, où reposaient ses père et mère et un grand nombre de ses frères et sœurs. Il était alors dans la soixante-troisième année de son âge.

Par le testament qu’il avait écrit de sa main, plus d’un an avant sa mort, il faisait des legs à de pauvres écoliers et à de pauvres filles à marier ; mais il donnait le reste de ses biens à l’époux de la fille de Montaigne. C’était un dernier acte de reconnaissance envers son maître en philosophie.

Voici le portrait que fait de lui La Roche-Maillet, cet avocat son ami, que nous avons déjà eu occasion de citer : « Il estoit de médiocre taille, assez gras et replet ; il avoit le visage tousjours riant et gai, et l’humeur joviale ; le front grand et large, le nez droit et un peu gros par le bas, les yeux de couleur perse ou céleste, le teint fort rouge ou sanguin, et les cheveux et la barbe tout blancs, quoiqu’il n’eust atteint que l’aage de 62 ans et demi... Il avoit l’action belle, la voix forte, bien intelligible et de longue durée, et le langage masle, nerveux et hardy. Il n’estait subject à maladie, et ne se plaignoit d’aucune incommodité de vieillesse, fors qu’environ trois semaines avant de mourir, il sentoit par fois en che-