Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome I, 1827.djvu/127

Cette page n’a pas encore été corrigée
71
LIVRE I, CHAPITRE VIII.


dict toute la philosophie : l’ame douc est toute en tout le corps, je n’adjoute point (encores que soit le dire commun) qu’elle est toute en chasque partie du corps ; car cela implique contradiction, et divise l’ame.

Or combien que l’ame comme dict est, soit par tout le corps diffuse et respandue, si est ce que pour exploitter et exercer ses facultés elle est plus spécialement et expressément en certains endroits du corps qu’ès autres, esquels est dicte avoir son siege, et non y estre toute entiere, car le reste seroit sans ame et sans forme : et comme elle a quatre principales et maistresses facultés, aussi luy donne-t-on quatre sieges, ce sont les quatre régions que nous avons marqué cy-dessus en la composition du corps, les quatre premiers et principaux instrumens de l’ame, les autres se rapportent et dépendent de ceux-cy, comme aussi toutes les facultés à celles-cy, sçavoir pour la faculté genitale les génitoires, pour la naturelle le foye, pour la vitale le cœur, pour l’animale et intellectuelle le cerveau.

Il vient [1] maintenant à parler en général de l’exercice de ses facultés : à quoy l’ame est de soy [2] sçavante et suffisante, dont elle ne faut point à produire ce qu’elle sçait, et bien exercer ses fonctions, comme

  1. Il convient maintenant de parler.
  2. Voyez la note de la page 54.