Page:Charron - De la sagesse, trois livres, tome I, 1827.djvu/125

Cette page n’a pas encore été corrigée
69
LIVRE I, CHAPITRE VIII.


tesfois ont trouvé les deux dernleres affirmatives, plus vray-semblables que les deux premieres.

Voyons maintenant quand et comment elle entre au corps, si toute entiere en un coup, ou successivement ; j’entends de l’humaine, car delà brutale n’y a aucune doubte, puis qu’elle est naturelle en la semence, selon Aristote le plus suivi, c’est par succession de temps et par degrés, comme la forme artificielle que l’on feroit par pièces, l’une après l’autre, la teste, puis la gorge, le ventre, les jambes : d’autant que l’ame vegetative et sensitive toute materielle et corporelle, est en la semence, et avec elle descendue des parens, laquelle conforme le corps en la matrice, et iceluy faict, arrive la raisonnable de dehors, et pour cela n’y a ny deux ny trois ames, ny ensemble ny successivement, et ne se corrompt la vegetative par l’arrivée de la sensitive, ni la sensitive par l’arrivée de l’intellectuelle ; ce n’est qu’une qui se fait, s’acheve et parfaict avec le temps prescrit par nature. Les autres veulent qu’elle entre avec toutes ses facultés en un coup, sçavoir lors que tout le corps est organisé, formé et tout achevé, et qu’auparavant n’y a eu aucune ame, mais seulement une vertu et energie naturelle, forme essentielle de la semence, laquelle agissant par les esprits qui sont en la dicte semence, avec la chaleur de la matrice et sang maternel, comme par instruments, forme et bastit le corps, agence tous les membres, les nourrit, meut,