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LIVRE I, CHAPITRE VIII.


quelles n'y en a aucune receue sans contredit : Aristote en a refusé douze qui estoient devant lui, et n'a peu bien establir la sienne.


    somme et l’humidité qui sert à la memoire, et la subtilité des esprits et figures, qui doibt estre en la seicheresse qui sert à l’entendement, et ainsi est contraire et destruict les autres deux.

    De tout cecy il est evident qu’il n’y a que trois principaux temperamens qui servent et fassent agir l’ame raisonnable, et distinguent les esprits, sçavoir le chaud, le sec et l’humide : le froid ne vaut à rien, n’est point actif, et ne sert qu’ à empescher tous les mouvemens et fonctions de l’ame ; et quand il se lit souvent aux autheurs que le froid sert à l’entendement ; que les froids de cerveau, comme les melancholiques et les meridionaux, sont prudens, sages, ingenieux ; là le froid se prend non simplement, mais pour une grande moderation de chaleur ; car il n’y a rien plus contraire à l’entendement et sagesse que la grande chaleur, laquelle au contraire sert à l’imagination ; et selon les trois temperamens il y a trois facultés de l’ame raisonnable. Mais, comme les temperamens, aussi les facultés reçoivent divers degrés, subdivisions et distinctions.

    Il y a trois principaux offices et differences d’entendement, inferer, distinguer, eslire. Les sciences qui appartiennent à l’entendement sont la theologie scholastique, la theorique de medecine, la dialectique, la philosophie naturelle et morale. Il y a trois sortes de differences de memoire ; recevoir et perdre facilement les figures, recevoir facilement et difficilement perdre, difficilement recevoir et facilement perdre. Les sciences de la memoire sont la grammaire, theorique de ju-