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DE LA SAGESSE,


latives, qui ne subsistent point d'elles-mesmes, mais sont parties d'un tout, c'est pourquoi il y a une telle et si grande diversité de definitions d'icelle, des-


    nieuses (comme les humides, tesmoin le pourceau, sont stupides, sans esprit) ; et les meridionaux, secs et modérés en chaleur interne du cerveau, à cause du violent chaud externe. Le temperament de la memoire est humide, (d’où vient que les enfans l’ont meilleure que les vieillards), et le matin après l’humidité acquise par le dormir de la nuict, plus propre à la memoire, laquelle est aussi plus vigoureuse aux septentrionaux. J’entends icy une humidité non aqueuse, coulante, en laquelle ne se puisse tenir aucune impression, mais aërée, gluante, grasse et huileuse, qui facilement reçoit et retient fort, comme se voit aux peintures faites en huile. Le temperament de l’imagination est chaud, d’où vient que les frenetiques, maniaques et malades de maladies ardentes, sont excellens en ce qui est de l’imagination, poësie, divination, et qu’elle est forte en la jeunesse et adolescence (les poëtes et prophetes ont fleury en cest aage) et aux lieux mitoyens entre septentrion et midy.

    De la diversité des temperamens il advient que l’on peust estre mediocre en toutes les trois facultés, mais non pas excellent, et que qui est excellent en l’une des trois, est foible ès autres. Que les temperamens de la memoire et l’entendement soient fort differens et contraires ; cela est clair, comme le sec et l’humide : de l’imagination qu’il soit contraire aux autres, il ne le semble pas tant ; car la chaleur n’est pas incompatible avec le sec et l’humide, et toutesfois l’experience monstre que les excellens en l’imagination sont malades en l’entendement et memoire, et tenus pour fols et furieux ; mais cela vient que la chaleur grande qui sert à l’imagination, con-