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fait apprendre de bonne heure le françois, comme l’anglois et l’italien ; mais je ne me piquerai jamais de le parler comme un François, ni comme je parle l’allemand : je crois même qu’on n’auroit besoin d’aucune partialité pour se garantir d’un travers aussi ridicule. Pour moi, je suis fier de ma nation, dit le Baron ; et qui me prendoit pour petit-maître François, m’affligeroit sensiblement.

J’eus bien de la peine à m’empêcher de rire. Il me semble, dis-je, qu’on ne peut pas trop être, soit fier, soit humilié d’une chose qui nous est imposée si absolument, que d’être né ici ou là. Vous avez raison, dit M. d’Altendorf ; on est né où l’on est né : la chose n’a pas dépendu de nous. Ce-