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doit de la mousseline et du linon, dont Josephine étoit parée le Dimanche et les jours de fête. On vivoit simplement et sainement. Josephine étoit respectueuse et gaie, Émilie douce et sérieuse. Quelquefois elles parloient, plus souvent elles chantoient ensemble. Josephine avoit une fort belle voix que guidoit celle d’Émilie. Toutes deux regrettoient une excellente harpe dont Émilie jouoit fort bien, et qui s’étoit brisée dans le voyage précipité qu’on lui avoit fait faire lorsqu’on se sauvoit de France.

Un soir, comme les deux jeunes personnes alloient s’asseoir sous un vieux treillage que couvroit le lierre et le chèvre-feuille, elles y trouvèrent une belle harpe toute neuve.