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de rougir de son extravagance. Après tout, on ne peut vivre dans une totale inaction, ni agir sans un but d’action : or quel but n’offre pas les mêmes incertitudes que celui que je me propose ? Si je cherche du plaisir, suis-je sûr d’en trouver ? Dans la recherche des biens desirés par l’ambitieux, suis-je sûr de réussir, et le succès même le plus brillant m’assureroit-il le bonheur ? Il n’y a que l’homme qui travaille pour substanter sa vie, qui sache distinctement à quoi il tend, et dont le but n’ait rien de vague ni de chimérique ; encore pourroit-on mettre en question si vivre est une chose si douce, que ce soit la peine de travailler uniquement pour continuer de vire. Laissez-moi donc travailler à diminuer les souffran-