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geant son espoir, je comptois voir renaitre à Altendorf le règne de Saturne et de Rhée ; mais hier mon air lui dit mon incrédulité. Je vous entens, s’écria-t-il ; vous traitez mes projets de rêveries et mon espoir de chimère ; vous croyez que rarement on peut être utile à ses semblables, et que si l’on réussissoit à leur faire du bien, ils ne le sentiroient pas, n’en aimeroient pas mieux leur bienfaiteur, ne l’en traiteroient pas mieux, et tourneroient peut-être contre lui les lumières, la liberté, l’opulence qu’ils lui devroient. Il se peut bien que vous ayez raison ; mais je veux l’ignorer. Je m’étourdirai là-dessus, je me persuaderai que j’aurai plus d’adresse ou de bonheur qu’un autre ; que les hommes pour qui je travaillerai, seront