Page:Charrière - Trois femmes, 1798.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.
133

Attentif autant que personne au noir souci de Théobald, je crus en deviner la cause, et plusieurs fois, en présence d’Émilie, je fis tomber la conversation sur des sujets analogues aux pensées qui le tourmentoient ; mais Émilie n’en saisissoit jamais l’occasion, n’imaginant point qu’elle eût à se justifier ni à rassurer son amant. Enfin, je dis à Théobald : vous voyez qu’elle n’est pas aussi fine ni aussi adroite que peut-être vous le craignez. Que voulez-vous dire ? me dit-il en rougissant, car jamais il n’avoit laissé échapper la moindre plainte ni le moindre soupçon contre sa maîtresse. Je lui détaillai alors ses propres idées, et je le conjurai de mettre Émilie sur la voie pour qu’elle s’expliquât nettement.

C’est ce que fit Théobald et avec suc-