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dût lier à elle l’héritier d’un nom et d’un bien considérables ?

Son dîner lui fut apporté par Lacroix sans qu’elle eût encore changé de place. Elle y toucha à peine. Josephine vint la presser de rentrer dans la maison pour faire sa toilette, pendant laquelle ni l’une ni l’autre n’ouvrit la bouche. Tout-à-coup en se retournant elle voit Josephine fort pâle, et les yeux fort gonflés. Elle lui demande ce qu’elle a. Il est douloureux, dit Josephine, qu’ayant à vous parler sur un sujet assez triste pour moi, je vous voye si triste vous même que je me sente obligée de me taire. Parlez, parlez, s’écria Émilie : je ne mérite pas tant de ménagemens. — Pourquoi donc, Mademoiselle, pourquoi ne les mériteriez-vous