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que Madame de Ste. Anne ne vouloit pas de Mademoiselle d’Estival pour sa bru. D’ailleurs l’amour, s’il a ses craintes mal fondées, est encore plus fécond en douces erreurs.

Ste. Anne, éloigné de Missillac, ne laissoit pas de voir ce qui s’y passoit, comme s’il y eut été. Il se souvenoit des menaces de sa mere relativement à Madame et à Mademoiselle d’Estival ; il se souvenoit aussi des froideurs qui, pendant un tems, avoient rendu pénibles, pour la jeune personne, ses visites au château. Si ma mere étoit froide et hautaine avant qu’aucun ressentiment eût pu entrer dans son cœur, que sera-ce aujourd’hui ? se disoit Ste. Anne. Je crois la voir chagrine et courroucée, affecter des dédains pour un objet au-