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à la pointe du jour, il partit, après avoir chargé le Jardinier de faire dire à Madame de Ste. Anne, que son fils alloit voir un ami, et seroit absent pendant quelques jours.

Peu s’en fallut que dans sa colere Madame de Ste. Anne ne fît dire à Mademoiselle d’Estival de ne pas remettre les pieds au château ; et elle l’auroit fait, sans égard pour le malheur et l’innocence, si elle n’avoit craint de faire connoître par-là à Mademoiselle de Rhedon son chagrin et la passion de son fils. Elle savoit d’ailleurs que les humiliations qu’on attire à l’objet aimé redoublent l’amour, jusques-là qu’il ne reconnoit plus d’autorité qui l’arrête, et se fait un devoir de la rebellion. Elle borna donc sa vengeance à une