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vu Monsieur de Rhedon rempli d’empressemens et de soins pour un objet autrefois adoré. À trente-huit ans il étoit beau et agréable ; que ne devoit-il pas être à vingt-cinq ? Le sacrifice qu’avoit fait alors Madame de Ste. Anne à l’amour maternel, étoit méritoire sans doute, mais, se disoit Ste. Anne, après s’être un moment attendri, ce n’est pas à l’amour, c’est à l’ambition maternelle ou à l’ambition personnelle, que le sacrifice a été fait. D’ailleurs demandois-je ce sacrifice ? Ma mere, que n’épousiez-vous Monsieur de Rhedon, et que ne me laissez-vous épouser Mademoiselle d’Estival ? Mais sans doute vous n’aimiez pas beaucoup votre amant, et peut-être n’aimez vous guere plus votre fils.

Le dîner étoit presque fini quand Ste.