Page:Charrière - L'Abbé de la Tour, tome III, 1799.djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ste. Anne se tut, quoique sa mere, ayant rendu son ton imposant à la fois et pathétique, s’attendît à une réponse. Le silence qu’il garda disoit : Si vous pouviez sans moi remplir ce vœu, vous pourriez le regarder comme entierement obligatoire ; mais actuellement ne pouvant que m’exhorter, vos obligations ne vont pas plus loin, et de ce moment vous les pouvez tenir pour acquittées. Madame de Ste. Anne reprit la parole.

    raison ! On respecte, on adore, les manes d’un ami ou d’un pere, et on est sourd à la voix vivante d’une femme ou d’un fils. Depuis trente ans sur-tout chacun a pris la teinte des drames et des romances, on en prodigue par-tout le fade et hypocrite langage, et c’est à des urnes cinéraires, à des élegies et des épitaphes que se borne notre humanité.