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vous croirez que tout ce système est l’ouvrage de Mademoiselle d’Estival, ou plutôt qu’il m’est inspiré par elle ; mais il y a longtems qu’il est chez moi préparé et commencé. Mille fois, en voyant les pleurs d’un écolier et la férule d’un maître, je me suis demandé : à quoi bon ? mille fois, lorsque d’autres disoient : pourquoi permettre d’imprimer ? j’ai dit : pourquoi enseigner à lire ? J’ai aimé Mademoiselle d’Estival avant de savoir qu’on ne lui avoit pas montré à lire. Mais quand je l’ai su, je me suis étonné de ne l’avoir pas deviné, et j’en ai été bien aise. Il m’a semblé qu’elle en voyoit et entendoit mieux, qu’elle en avoit l’esprit plus net et la mémoire plus fidelle ; il m’a semblé qu’ignorant