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yeux toute la lettre, il lut haut ce qui suit.

« Vous allez triompher, mon cousin, et j’en suis fâchée. Mais l’histoire est trop bonne pour ne me pas donner le plaisir de la raconter. Nous lisions ce matin un roman sublime. L’héroïne supportoit avec une patience angélique des malheurs inouïs. À la mort d’un mari adoré, elle coupe les plus beaux cheveux du monde, et les dépose dans le cercueil. Nous pleurions Madame de Rieux et moi. Ma bonne tante avoit ôté ses lunettes et posé son ouvrage pour mieux écouter, ma mere avoit éloigné son rouet, qui, bien que huilé d’hier, faisoit trop de bruit. Forcées un moment de nous interrompre, nous dîmes Madame de Rieux