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mit à la porte. Peut-être mendie-t-elle son pain à l’heure qu’il est. Il y a donc quelque chose de mystérieux dans le mariage. Il y a des avantages, des privileges, que je ne devine pas. J’ai vu marier ma mere il n’y a pas bien longtems. On n’a cessé de me dire que c’étoit un grand bonheur pour moi. Auparavant on l’appelloit Marie, et moi on me disoit Babet, après cela on nous appella Madame et Mademoiselle d’Estival, mais bien loin d’y avoir gagné, nous en avons été plus haïes et plus persécutées, car le nom d’Estival sembloit être détesté de presque tout le monde, du moins l’étoit-il en nous. J’ai entendu dire à ma mere, qu’elle auroit pu sauver le château d’Estival, si elle ne se fût encore appellée que Marie,