Page:Charrière - L'Abbé de la Tour, tome III, 1799.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que c’est que d’être raisonnable, dit Mademoiselle d’Estival. Je ne pourrois du tout venir ici si vous étiez sous cette terre, et pourtant vous aimiez beaucoup votre précepteur. Ste. Anne embrassa sa cousine, et peu s’en fallut qu’il ne s’oubliât davantage. Votre cœur bat sous mon épaule, dit-elle. Auriez-vous peur ? Peut-être, dit-il, et en effet l’auguste présence des morts s’étoit fait sentir à lui ; leur voix s’étoit fait entendre et lui avoit dit : profane ! arrêtez.

Un peu revenu de deux émotions si opposées Ste. Anne se souvint que les tombeaux étoient jadis respectés à l’égal des autels, et après un moment de silence il récita tout haut,

Aux portes de Trezene et parmi les tombeaux
Des princes de ma race antique sépulture —