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parler ? Savez-vous, mon cousin, que vous avez en moi une parente qui ne sait ni lire ni écrire ? On me l’a dit, répondit négligemment Ste. Anne. Les larmes vinrent aux yeux à Mademoiselle de Rhedon. Je ne puis comprendre pourquoi nous nous sommes empressées à le dire, dit-elle en pleurant. Je me le suis mille fois reproché. J’y pense à toute heure, et c’est avec un tel chagrin et une telle honte que je suis fort aise d’en pouvoir faire aujourd’hui la déclaration. Déja elle me soulage, et j’espère que j’en aurai le cœur moins tourmenté à l’avenir. Pourquoi du chagrin et de la honte ? dit Mademoiselle d’Estival, en embrassant tendrement l’affligée. Cela peignoit fort bien à Ste. Anne, la maniere dont j’ai vécu