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j’ai quitté la France, que Monsieur d’Estival eût une fille ; j’ignorois même qu’il fût marié. Aussi ne l’étoit-il pas, dit Madame de Ste. Anne. Il avoit eu cet enfant de la fille de son jardinier, dont il avoit fait sa ménagere. Cette femme avoit de l’esprit, ou du manege, et lorsque la guerre s’alluma dans le pays, elle parla au Marquis des dangers qu’il alloit courir, et de la situation où sa mort laisseroit sa fille, de maniere que le Marquis fut touché et épousa tout de suite la mere pour légitimer l’enfant. Il fut tué un des premiers ; son château fut brûlé. Madame d’Estival qui d’abord s’étoit refugiée à Nantes chez un parent, fabriquant d’indiennes, vint ensuite à Vannes chez un médecin, puis courut à Brest chez un constructeur