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qui vient à nous. Monsieur Stair regarde et voit sa mere. Dix-huit ans n’avoient pas tellement changé la mere ni le fils, qu’ils ne se reconnussent au même instant. Je laisse au lecteur à se figurer leur joye.

Peu-à-peu et sans empressement Monsieur Stàir racconta à sa mere à-peu-près tout ce qui lui étoit arrivé. Elle ne demanda pas combien il avoit gagné, et il se contenta de lui dire, qu’elle seroit à l’avenir à l’abri de l’inquiétude comme du besoin.

Son frere, après la mort de leur pere, avoit été sinon diligent, du moins sobre et rangé. Jane Hill, sa belle-soeur, étoit propre et laborieuse. Tout ce ménage étoit pauvre sans être dans un rebutant désordre, et les deux petits garçons étoient si heureux, si gais, si