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croirez ; et si vous ne croyez pas aux salieres renversées, aux miroirs cassés, au nombre de gens qu’on est à table, c’est fini, je n’y crois déja plus. Voilà vraiment qui est pour moi de bon augure, dit Ste. Anne, en se permettant de l’embrasser. Doucement, doucement, dit la mere ; après-demain est bien proche, vous pouvez attendre. Mademoiselle d’Estival se souvint du cimetiere, regarda Ste. Anne, et sourit.

Le grand jour vint, ce jour pour lequel Madame d’Estival vouloit qu’on réservât tous les priviléges de l’hymen et toutes les jouissances de l’amour. Elle mena sa fille à l’autel, et, d’abord après la cérémonie, l’ayant embrassée, elle s’éloigna sans rien dire ; puis se retournant elle lui cria, adieu Babet.