Page:Charrière - L'Abbé de la Tour, tome III, 1799.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ce moment de conversation, les rideaux des fenêtres avoient été fermés, et le lit étoit placé de maniere que Tonquedec n’avoit pu voir le visage de son ami. Il fut frappé, quand il revint auprès de lui, de son air pâle et défait ; mais il ne le lui témoigna pas ; et Ste. Anne ne se plaignit d’aucun mal ni d’aucun chagrin. Leur conversation ne fut pas fort vive, mais raisonnable et douce. Ste. Anne raconta le petit voyage qu’il venoit de faire, et n’oublia pas les deux amis ni leur conversation, ni sur-tout le mal que l’un des deux disoit des écrivains et des lecteurs du jour, et en général des livres. Il est bien vrai, dit Tonquedec, qu’un siecle et demi de la plus riche littérature, dont aucune nation ait jamais pu se vanter, ne nous a pas valu beau-