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pas plus en sûreté avec sa mere, qu’avec un amant tel que moi. Il ne devinoit pas ce que craignoit Madame d’Estival. Prenez garde, dit-elle tout bas à sa fille, en faisant semblant de rajuster sa coëffure, et pour plus de sûreté ne dites pas un mot de votre cousin. Madame de Ste. Anne, qui avoit précisement les mêmes craintes que Madame d’Estival, avoit fait venir des musiciens de Nantes, et l’on donna à Mademoiselle d’Estival le premier concert qu’elle eût jamais entendu. Pendant le souper qui suivit, Madame de Ste. Anne eut soin d’entretenir l’étourdissement, pour faire taire les souvenirs et prévenir la conversation. Mademoiselle d’Estival n’avoit jamais vu de feu d’artifice, on le savoit ; quelques fusées qu’on s’étoit procurées l’étonne-