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consulter que leurs goûts et leurs humeurs, dans le lot qu’elles avoient voulu, faire à ceux qu’elles aimoient. On parle beaucoup de la faculté de sentir pour les autres, de se mettre à la place des autres, mais l’a-t-on cette faculté ? où prendre le modele d’une sensation qu’on n’a pas éprouvée ? Comment se rendre propre un sentiment que l’on n’a point ? Pour aimer comme il est agréable d’être aimé, il faut des organes presque semblables et modifiés par des habitudes presque semblables. Deux freres, deux jumeaux doivent s’aimer de cette douce et heureuse tendresse, et, sans une malédiction particuliere, la fable des enfans d’Oedipe seroit mal imaginée, au lieu que celle de Castor et Pollux