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son fils devenir mon gendre ; mais s’il vous avoit épousée malgré elle, de quel air nous auroit-elle regardées, et moi sur-tout, et qu’aurois-je eu moi pour me dédommager de ces mortifications, dont, faite comme je vois que vous l’êtes, vous vous seriez fort peu embarrassée ? Je n’ai que cet endroit-ci pour habitation. J’y aurois été seule et délaissée, pendant que vous seriez allé briller à deux pas de moi, m’oubliant comme si je ne vous avois pas mise au monde. — Mon Dieu, que dites vous ! s’écria Mademoiselle d’Estival, en baisant les mains de sa mere, moi vous oublier ! moi songer à briller ! à peine je vous comprends, tant ce que vous dites est loin de ma pensée. — Allez, dit la mere, je connois le monde un peu mieux que vous. Ce