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où pour la premiere fois de ma vie je fus heureuse. Il y a quelques semaines que je ne connoissois pas le bonheur ; actuellement j’étois heureuse, et déjà il faut que cela finisse, ou plutôt déja cela est fini ; et ses larmes coulerent plus abondamment qu’auparavant.

Vous êtes une ingrate, lui dit sa mere ; oui, une ingrate. Vous n’aimez que vous ; vous ne vous souciez point d’une mere qui s’est sacrifiée pour votre bonheur. Pensez-vous que ce fût pour moi que j’ai pressé votre pere de m’épouser ? Que pouvois-je y gagner pour moi ? la haine de ma famille qui me l’a bien montrée, et le mépris de la sienne qui m’en donne des marques tous les jours. Je ne pense pas que la fiere Madame de Ste. Anne eût jamais consenti à voir