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ci, dit sa mere. Mais je t’ai demandé si tu souhaitois qu’il devînt ton mari, et tu m’as dit que non. Je craignois le mariage, dit en pleurant Mademoiselle d’Estival. Ah bon Dieu ! Si j’avois pu prévoir tout ceci, j’aurois répondu autrement à vous et à lui-même. Sa mere la laissa pleurer quelque tems, puis enfin elle lui dit : Tu es folle, sans doute. Mon Dieu non, dit la jeune personne, je ne suis pas folle ; mais je l’étois quand je me suis imaginée que Ste. Anne ressembleroit aux maris que j’ai vus, à celui de Nantes qui ne disoit rien, à celui de Vannes qui disoit des duretés, à celui de Brest qui ne se soucioit déja plus de sa femme le lendemain de son mariage. Pourquoi m’aller embarasser l’esprit de tous ces gens-là ? Pourquoi