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Madame d’Estival, voyant sa fille fatiguée de sa course et de la vue de beaucoup d’objets nouveaux, attendit au lendemain à lui parler de la grande affaire qu’elle venoit de conclure, sans l’intervention de celle que cette affaire intéressoit le plus. — Remercie-moi, dit-elle, je t’ai mariée hier, et très-bien mariée. — Ste. Anne n’est pourtant pas revenu, dit la jeune personne, vous plaisantez sans doute. Non, dit la mere, je ne plaisante point, et elle lui raconta ce que l’on vient de lire. Quoi ! s’écria Mademoiselle d’Estival, me marier sans l’aveu de mon cousin, du premier, du seul homme qui m’ait témoigné de l’intérêt, et pour qui j’aie senti une vive amitié ? Il a pensé à moi, il me l’a dit. — Que ne m’a-t-il parlé comme cet homme-