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de l’esprit, de la sagacité, du tact même ; mais autrement employées, ces qualités avoient pris une allure fort différente. Plus on voyoit la fille, plus on l’aimoit ; pour être content de la mere, il ne falloit la voir ni bien long-tems de suite, ni dans l’abandon de la familiarité : sur-tout il ne falloit pas la voir fort aise ou fort fâchée, car alors le mince vernis qui couvroit une ame et des habitudes extrêmement vulgaires tomboit entierement.

La conversation, assez froide d’abord, devint peu à peu intéressante. Madame d’Estival parla de ses malheurs avec modération et courage. Elle plaignit sa fille, car pour elle, avoit-elle des droits à un meilleur sort ? d’ailleurs sa vie étoit bien avancée, et ce qu’elle avoit