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maître est distrait, ou bien il ne sait pas précisément ce qu’il devroit répondre ; car ces gens d’esprit et de grande éducation font quelquefois des distinctions si subtiles, que sur rien ils ne disent ni oui ni non ; dis-moi donc, toi, est-elle jolie ? — Tu hésites aussi ; seroit-elle laide, et ne veux-tu pas le dire par honnêteté ? Non assurément, ce n’est pas cela, dit Herfrey, Mademoiselle d’Estival est bien loin d’être laide. — Elle est jolie donc, ou belle ? — Elle est mieux que belle ou jolie, dit Herfrey, toujours à demi-voix ; elle a un air si vrai, si bon, si simple, et qui pourtant annonce tant de sens et d’esprit, qu’on seroit tenté de lui demander conseil comme à un docteur, et de badiner avec elle comme avec un enfant.