Page:Charrière - Caliste ou lettres écrites de Lausanne, 1845.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


BENJAMIN CONSTANT


ET


MADAME DE CHARRIÈRE[1].



Rien de plus intéressant que de pouvoir saisir les personnages célèbres avant leur gloire, au moment où ils se forment, où ils sont déjà formés et où ils n’ont point éclaté encore ; rien de plus instructif que de contempler à nu l’homme avant le personnage, de découvrir les fibres secrètes et premières, de les voir s’essayer sans but et d’instinct, d’étudier le caractère même dans sa nature, à la veille du rôle. C’est un plaisir et un intérêt de ce genre qu’on a pu se procurer en assistant aux premiers débuts ignorés de Joseph deMaistre ; c’est une ouverture pareille que nous venons pratiquer aujourd’hui sur un homme du camp opposé à de Maistre, sur un étranger de naissance comme lui, parti de l’autre rive du Léman, mais nationalisé de bonne heure chez nous par les sympathies et les services, sur Benjamin Constant. Il en a déjà été parlé plus d’une fois et avec développement dans cette Revue. Un écrivain bien spirituel, dont la littérature regrette l’absence, M. Loève-Veimars, a donné sur l’illustre publiciste[2] une de ces piquantes

  1. Ce morceau a paru pour la première fois dans la Revue des Deux Mondes du 15 avril 1844.
  2. Revue des Deux Mondes, 1er février 1833.