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mais les plus grandes, comme celle que vint habiter Frémont, enclavent de vastes cours semées de fleurs, plantées de palmiers dont les têtes gracieuses se balancent au vent tandis que d’énormes manguiers les couvrent d’ombrages impénétrables aux rayons du soleil.

Florès, avec sa modeste population de douze à quinze cents âmes et le peu de bruit qu’il fait dans le monde, n’occupe pas moins l’emplacement d’une ville historique, autrefois célèbre, chef-lieu ou plutôt capitale d’une nation courageuse, affolée d’indépendance et contre laquelle les efforts des conquérants espagnols échouèrent pendant près de deux siècles.

Cette nation, c’était celle des Itzaes ; elle venait du nord, dit-on, et les chroniques racontent que ces Indiens habitaient autrefois la ville de Chichen-Itza, l’une des plus belles du Yucatan.

La raison de leur émigration est peu connue ; on sait seulement qu’elle eut lieu dans le courant du xve siècle, de 1430 à 1440 ; une grande partie de la population abandonna le pays, et, sous la conduite de son roi, qui portait le nom générique de Canek, elle s’en alla dans le sud, à la recherche d’une patrie nouvelle.

Les émigrants, à la suite d’un long voyage, arrivèrent à cette lagune du Péten, qu’ils appelèrent Chaltuna, et ils donnèrent à la ville qu’ils fondèrent le nom de Tayasal.

Chose singulière, Fernand Cortez, le glorieux conquérant du Mexique, fut le premier qui nous en révéla l’existence. C’était en 1526, lors de son expédition dans le Honduras, où il se rendait de Mexico pour aller châtier son infidèle lieutenant et ami Cristobal de Olid, qui s’était déclaré indépendant. Cortez, avec son audace habituelle et sans se rendre compte des difficultés d’un long voyage à travers des contrées inconnues, se mit en route ; il emmenait avec lui un véritable corps d’armée, composé d’infanterie, de cavalerie et de trois mille Mexicains de la plus haute noblesse, avec leur dernier empereur, le jeune, l’héroïque, l’immortel Guatimozin. Cortez s’était fait suivre, en outre, d’une nombreuse valetaille et d’une troupe de comédiens, de musiciens et d’histrions, comme un satrape asiatique.