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CHAPITRE VI

Le dernier déjeuner au chantier. — En route pour la ville Lorillard. — Les cochons sauvages. — Campement au bord de l’Usumacinta. — Les aras. — Attaqués par les abeilles. — Lacandons. — Hoccos et dindes sauvages. — Un dîner de choux palmistes.

Les bœufs arrivèrent dans la soirée, amenant, au milieu des plus grandes difficultés, l’énorme cadavre du tapir, que les hommes du village saluèrent de leurs acclamations. Ce fut un vrai triomphe pour Sulpice, Bénito et François.

Plusieurs Indiens se mirent aussitôt à l’œuvre pour dépecer l’antéburro, comme ils l’appelaient dans leur langage ; la chose faite, les parties les plus délicates, le filet, l’entrecôte et les pieds, furent mises de côté pour les voyageurs, et le reste abandonné aux hommes du campement.

La chair du gros animal tient de celle du cochon et rappelle aussi la viande de cerf, mais plus dure ; aussi Yan, quoi qu’il pût faire, frappant et refrappant l’entrecôte pour le mortifier, ne réussit point à l’attendrir assez pour en composer un mets délicat ; les pieds seuls, cuits à l’étouffée, furent trouvés excellents par nos explorateurs et rivalisaient, au dire de Frémont qui se les rappelait encore, avec des pieds à la sainte-menehould.

Ce déjeuner, auquel assistait le nouveau propriétaire, successeur de Frémont, fut arrosé de quelques bouteilles de bons vins de France, étonnés de se trouver en cette forêt vierge et si loin de leur pays d’origine. On porta des toasts au bon voyage de la