— Je le veux bien, répondit Frémont ; vous emmènerez d’Artagnan, et Bénito, en qui j’ai toute confiance, conduira l’expédition.
— Merci, maître », dit l’Indien.
Le lendemain, au petit, jour et le café pris, on se mit en route. D’Artagnan, bondissant de joie, précédait les explorateurs.
« Où vas-tu nous conduire, Bénito ? demanda François.
— À la grâce de Dieu, Panchito : c’est encore lui qui nous guidera le mieux.
— Allons rejoindre le chantier, dit Sulpice ; de là nous pousserons une pointe au nord pour rejoindre le Yalchilan, que nous suivrons jusqu’à son embouchure, si nous en avons le temps. »
La petite troupe poursuivit donc sa route, atteignit le chantier et s’engagea bientôt, dans les solitudes.
« Maintenant, mon ami, dit Sulpice appelant d’Artagnan qui continuait ses gambades et ses jappements, assez de bruit comme cela ; tu vas rester derrière nous et tâcher d’être muet comme une carpe. Entends-tu ? »
Et comme le chien le regardait d’un œil interrogateur, Bénito, prenant à son tour la parole, lui dit en espagnol : « ¡ Cállate !, entiendes, ¡ cállate ! »
La bonne bête eut l’air de comprendre et vint se ranger derrière son jeune maître. On se remit en route. Bénito ouvrait la marche, et l’on avançait silencieux. Rien tout d’abord ne vint attirer l’attention des chasseurs ; de-ci de-là d’énormes nids de fourmis s’étalaient, faisant des vides dans la forêt, et de longues lignes noires, convois de travailleuses, entraient et sortaient de leur campement.
Ces nids se multipliaient ; François s’étonnait de leur nombre et de leurs dimensions.
« Il y en a de plus grands encore, lui dit Sulpice, et, du reste, la fourmi est bien l’insecte le plus intéressant de la création. Je t’en ferai quelque jour l’histoire, mon Panchito, car nous en rencontrerons souvent, et de toutes espèces. » À peine achevait-il ces mots que Bénito s’arrêtait court, le doigt sur la bouche, commandant le silence. Que se passait-il ?
