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À TRAVERS
LES FORÊTS VIERGES


CHAPITRE I

La famille Frémont. — La Lagune du Péten. — Florès. — Son histoire.

Au printemps de l’année 1865, Auguste Frémont sortait de l’École Centrale avec son brevet d’ingénieur. C’était un audacieux, qui, plutôt que d’attendre la fortune à Paris, se résolut à l’aller chercher au loin. Ce fut au Guatemala qu’il se rendit. Il y arriva chargé de lettres de recommandation, qui lui furent plus ou moins utiles ; on se recommande généralement mieux soi-même. Quoi qu’il en soit, il lui suffit de quelques années pour se faire connaître. Diverses missions que lui confia le gouvernement de la république le mirent en relief. Bien vu de tous, riche d’espérances, il épousa une jeune fille des plus charmantes de la ville, Lucie Carmen de Aldana. Celle-ci lui apportait sinon la fortune, au moins l’influence et de grandes relations qui lui permirent de la faire.

Le père de Carmen, don Francisco de Aldana, possédait dans le nord du Guatemala une vaste exploitation de bois d’acajou ; il offrit à son gendre d’en prendre la direction à titre d’associé. Accepter, c’était pour la jeune épouse renoncer à la vie relativement douce d’une petite capitale ; c’était l’exil dans une lointaine province : mais il n’y avait point à hésiter ; d’ailleurs on ne parlait que de quelques années d’absence.