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La forêt vierge

Dès lors plus de route, les Indiens d’avant-garde devaient l’ouvrir au sabre et l’on n’avançait plus que fort lentement. Pour les hommes à pied le chemin était relativement facile ; quant aux cavaliers, il fallait une attention soutenue pour éviter les plantes épineuses et surtout les lianes dont les grands bras entrelacés se croisaient en tous sens, vous prenaient à plein corps pour vous enlever de cheval, ou, vous saisissant à la gorge, vous menaçaient de strangulation. Chacun, du reste, avait, un sabre à la main pour parer à tout événement. Ajoutons que Panfilo et Bénito, près d’Éléonore et de François, veillaient sur les deux enfants. Cependant la marche se poursuivait, lente, sinueuse, ardue au milieu des splendeurs de la forêt. La température se maintenait douce sous l’ombre épaisse des grands arbres qui, la plupart dénués de branches, étalaient leurs têtes en ombelle à plus de cent pieds de là. Chose singulière, les jeunes végétaux atteignaient à la hauteur des plus vieux. C’est que, dans ce combat pour l’existence, chacun dépensait toute sa force, toute sa sève à grandir, pour aller chercher dans les hauteurs l’air et la lumière qui lui manquaient dans