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(comales) jusqu’à dessiccation complète. Dans la pratique ordinaire, cette galette, cuite molle, s’appelle tortilla ; mais, préparée rôtie, elle prend le nom de totopostle, et joue près du voyageur, dans les forêts de l’Amérique, le rôle du biscuit de mer près de nos matelots. On en remplissait de grands sacs dans lesquels on les tassait pour les rendre moins encombrants, les morceaux en étant bons. Quant aux autres provisions, haricots noirs, sucre, café, riz, vin et eau-de-vie, tout cela était fourni par les magasins de l’habitation. On y avait, joint des sacs de piments secs, qui est le condiment nécessaire de toute cuisine indienne. On emportait également des sacs de sel pour les sauvages, qui en manquent et dont ils sont friands, des haches américaines, des machétés, qui serviraient à des échanges.

François, Pancho, Panchito, diminutif espagnol de son nom qu’on lui appliquait familièrement, Pancho mettait en ordre ses instruments de photographie, essayait ses plaques, étudiait son temps de pose, pendant qu’Éléonore, légèrement troublée par ce va-et-vient et ce tumulte inaccoutumés, se mêlait souriante aux travaux de son jeune frère.

Frémont, outre la surveillance générale, s’occupait des armes et des munitions ; il avait des winchesters à douze coups, des fusils de chasse et des revolvers ; il emportait une belle tente et des lits de camp avec moustiquaires pour la famille ; les Indiens, qui dormaient d’habitude en plein air, devant se fournir de toutes choses.

Sulpice, lui, était à sa trousse et aux produits destinés à ses collections d’histoire naturelle ; il avait une superbe boîte à insectes, et sa petite pharmacie de voyage, avec ammoniaque pour les piqûres de serpents, acide phénique pour les plaies et sulfate de quinine pour les fièvres, ne laissait rien à désirer.

Quant à Yan, le cuisinier chinois, il avait fourbi sa cantine d’officier, qui se composait d’ustensiles en fer battu et qui n’avait rien à craindre des cahots de la route ; cette cantine contenait un service complet pour dix personnes.

Frémont avait choisi Panfilo comme chef de convoi ; c’était un