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A TRAVERS LES FORÊTS VIERGES.

lieu marqué pour l’étape, lorsque des cris à l’avant vinrent tirer les voyageurs de leur somnolente tranquillité.

C’étaient des cris de joie, dont on connut bientôt la cause.

L’avant-garde venait d’atteindre le Cholal, petit ruisseau affluent de l’Usumacinfa, el Panfilo fut tout surpris d’y trouver un campement établi sur son bord. Le propriétaire du campement était un vieil explorateur d’acajous, bien connu cle Panfilo et. cle Frémont dont il avait été dans le temps l’un des sous-entrepreneurs. Ce fut donc une grande joie pour les deux amis cle se rencontrer en ces lointains parages.

Don Pépé Mora avait quitté sa demeure el sa famille depuis trois mois, el depuis trois mois vivait seul avec deux Indiens, explorant la forêt aux alentours à la recherche des acajous. Le lieu qu’il avait choisi pour.son campement était délicieux : le voisinage de la petite rivière y entretenait une végéta lion exubérante ; les palmiers y atteignaient, des proportions colossales ; acajous, cèdres et liquidambars, au travers desquels les lianes s’épandaient en longues guirlandes, produisaient, les effets décoratifs les plus beaux du monde. Frémont résolut de s’y arrêter. Mais, s’il était beau, l’endroit était malsain, et l’aspect de don Pépé en était une preuve vivante. 11 était dévoré par les fièvres et cependant ne voulait point quitter la place avant d’avoir terminé sa besogne ; il avait du reste les plus grandes espérances d’une fortune prochaine, car il avait déjà marqué, disait-il, plus de deux mille acajous.

Il ne manquait pas de vivres, la forêy lui en fournissait au delà de ses besoins, mais de médicaments et de boissons réconfortai !

tes, car il n’avait pour s’abreuver que l’eau plus ou moins 

saine de la rivière. Sa rencontre avec Frémont était donc des plus heureuses : celui-ci lui offrit en effet du sulfate de quinine pour sa fièvre, une caisse de vin et quelques bouteilles de cognac pour réparer ses forces ; il y joignit une collection d’excellents cigares, présent auquel le vieux trappeur fut particulièrement sensible.

Laissons donc causer les deux amis et suivais les enfants et Sulpice dans leur promenade aux environs.