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du maître créateur, toujours prête à offrir à ses inspirations le choix le plus riche et le plus varié. Dans une phrase symphonique construite d’après cette méthode, la nouvelle matière musicale, si complexe et susceptible de tant de combinaisons, ne doit être mise en mouvement que de la façon qui lui convient, si l’on ne veut pas que l’ensemble soit, dans le vrai et profond sens du mot, une monstruosité.

Je me souviens encore d’avoir entendu, dans ma jeunesse, les jugements portés par certains de nos vieux musiciens sur la Symphonie héroïque. Denis Weber, à Prague, l’appelait tout crûment une chose sans nom. C’est bien simple : cet homme ne connaissait que l’allegro de Mozart, que j’ai caractérisé plus haut ; c’était exactement avec la mesure de cet allegro qu’il faisait jouer la Symphonie héroïque aux jeunes gens de son conservatoire ; et il suffisait d’entendre une pareille exécution pour donner pleinement raison à Denis Weber. Or, nulle part ailleurs on ne la jouait autrement, et si bien qu’on ne la joue pas autrement aujourd’hui encore. Elle est, presque partout,