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Dans le cours des explications qui précèdent, j’ai signalé l’existence de deux genres d’allegri, l’un, le nouveau, le pur allegro de Beethoven auquel j’ai attribué le caractère sentimental ; l’autre, l’ancien, l’allegro de Mozart, caractérisé, suivant moi, par la naïveté. J’avais, en faisant cette distinction, présente à l’esprit, dans ses lignes principales, la belle théorie de Schiller, telle qu’elle est développée dans son célèbre Essai sur la poésie sentimentale et la poésie naïve.

Pour ne pas m’écarter de mon sujet, je ne m’étendrai pas davantage sur la question d’esthétique que je viens de soulever ; je me contenterai de faire remarquer que ce sont les rapides alla breve de Mozart qui offrent les types les mieux accusés de l’allegro que j’appelle l’allegro naïf. Les plus parfaits en ce genre sont les allegri de ses ouvertures d’opéras, et surtout des ouvertures du Figaro et du Don Juan. On sait, à l’égard de ces derniers, qu’ils ne pouvaient jamais être joués assez vite au gré de Mozart. Après avoir, dans le presto final de l’Ouverture du Figaro, surmené les musiciens au point de les amener à l’état de