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au poëte ce qu’il devait fournir au musicien pour répondre à ses intentions. Si cette mélodie s’était perpétuée jusque-là comme mélodie chantée et indépendante de toute poésie, elle possédait cependant les conditions d’un développement ultérieur possible. Bien qu’au début, le compositeur trouva ces conditions particulièrement dans la mélodie naturelle et primitive, telle qu’elle émanait de la bouche du peuple, il tourne maintenant son attention avide vers une mélodie qui, dégagée de nouveau des lèvres du chanteur, trouve dans la science instrumentale de nouvelles conditions de vie. La mélodie instrumentale, transportée dans la mélodie du chant d’opéra, devint un des facteurs du drame ; c’est là que devait aboutir, en vérité, le genre antinaturel de l’opéra [1].

Pendant que la mélodie d’opéra, que ne fécondait pas la poésie, traînait une vie pénible et stérile en

  1. Nous devons faire remarquer, dès à présent, que la mélodie dans le chant, laquelle ne recevait pas ses conditions vitales du texte, n’était que de la mélodie instrumentale. Nous reviendrons là-dessus, au moment opportun, ainsi qu’à la situation de cette mélodie vis-à-vis de l’orchestre.
    (Note de l’auteur.)