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nationaux employés par nos compositeurs modernes ne sont pas appliqués à des caractères de ce genre ; ils sont destinés, au contraire, à donner à une chose, entièrement dépourvue de caractère, une base caractéristique, afin d’animer et de justifier une existence indifférente en soi et sans couleur. Tout ce qui est sainement populaire et purement humain, est employé dans notre opéra comme un masque incolore et insignifiant, à l’usage des chanteurs d’airs, et ce masque, à son tour, doit être artificiellement éclairé par le reflet de la couleur environnante ; c’est pourquoi cette couleur est présentée avec les tons les plus criards.

Afin d’animer la scène déserte autour du chanteur, on a finalement amené sur la scène le peuple, auquel on avait déjà pris sa mélodie ; mais, naturellement, ce ne pouvait pas être ce peuple auquel on avait emprunté la mélodie, mais une masse artificiellement dressée à marcher sur la mesure des airs d’opéra. Ce n’est pas le peuple qu’on employa, mais une masse, une sorte de chose matérielle qu’on ne pouvait plus appeler le peuple, puisqu’on lui avait enlevé le souffle de la vie. Le fond de l’opéra moderne ne repose guère que sur les machines décoratives