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sa musique de chambre, ne réunit pas toutes les conditions nécessaires à ce genre savant de composition. Elle pèche par les développements qui sont souvent puérils. Mais l’exposition des idées en est excellente et l’effet brillant. Ce trio, très-dramatique dans sa forme, et ce n’est point ici un éloge sous notre plume, ne donne cependant pas l’émotion saisissante qu’on rencontre dans les mélodies vocales de Schubert qui restent son œuvre capitale. Il reconnaissait, d’ailleurs, qu’il n’avait pas suffisamment pénétré dans les arcanes de la science pour traiter en maître le genre symphonique. À trente-cinq ans, c’est-à-dire un an avant sa mort, il songeait à renfoncer son éducation musicale et à demander à l’étude ce que le génie, seul, ne peut donner.

Le 9e quatuor de Beethoven a recueilli tous les suffrages. Le second morceau, andante con motto, sorte de pastorale d’une profonde mélancolie, et surtout le finale, ont enlevé la salle. Nous voudrions entendre ce morceau fugué, exécuté au Conservatoire par tous les instruments à cordes ; l’effet en serait certainement prodigieux.

La pièce principale de ce concert était le 15e quatuor de Beethoven, l’un de ses derniers, l’un des sphinx, comme on les appelle, par la raison que cer-