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vérité dans l’expression des caractères de Suzanne, de Chérubin, de la comtesse, du comte, de ce Figaro, qui n’est peut-être pas le Figaro endiablé de Beaumarchais et de Rossini, mais qui se présente à nous en valet de haute comédie, et comme Molière l’eût certainement compris.

Mozart est tout entier dans cette partition, où tout est si bien dit. Le génie scénique, qui l’a fait l’un des grands maîtres du théâtre, éclate à tout instant, dans chaque morceau, dans chaque phrase, dans ces airs si délicieux, parfois si pathétiques, tel, par exemple, que celui de la comtesse au début du second acte ; il éclate enfin dans les duos, les trios, les ensembles de cette partition et enfin dans son étonnant final, si plein d’incidents, si complexe dans sa merveilleuse unité !

Voilà vraiment la nmsique, la musique reine, celle qu’on exécutera toujours, celle qu’on n’oubliera jamais ! Le voilà, ce bel art qui fait les grands comédiens et les grands virtuoses, source pure où ne sont pas venus puiser ces interprètes maussades, sans esprit, sans souplesse et sans âme, ces chanteurs lourds, pâteux, ennuyeux, maladroits, gonflés comme certains ouvrages qui ne sonnent si fort que parce qu’ils sont creux !