Page:Charnacé - Musique et Musiciens, vol1, 1874.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 137 —

finie ; les broyer pour ainsi dire comme le peintre broye ses couleurs, pour en former une palette de sonorité avec laquelle le musicien projette la lumière et les ombres, d’où sortira, plus saisissante encore, l’idée musicale dans toute sa parure ; je le répète, c’est là un grand art.

C’est celui qu’ont préféré les musiciens poëtes, ceux dont l’imagination plane sans cesse dans un monde de sensations infinies et toujours renaissantes.

Mais, l’art de faire chanter la voix humaine, souffle sonore et interprète sublime de nos sentiments, celui-là est grand aussi. Et si le timbre d’une clarinette, d’un basson ou d’un cor, les cordes d’une basse, d’un violon ou d’une harpe sont des éléments précieux entre les mains d’un artiste, qui pourrait dire que la voix de l’homme ne l’emporte pas sur eux, en beauté et en expression positive ? Ce don charmant de faire chanter les voix, l’école italienne l’a possédé presque seule, et à un degré tel que, du jour où il cessa de grandir, il ne put que s’affaiblir. Pourquoi donc faut-il que les compositeurs modernes l’aient négligé dans l’opéra ?

L’élément symphonique introduit au théâtre par